Les chevaliers de l’espoir

Société

Joute classique

Soleil

Maître Jouteur

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🎗️ 5 rubans(s)

Alexandre Dumas

Grand Maître Jouteur

🪶 100 plume(s)

🎗️ 100 rubans(s)

Manche 1/6

Soleil

Lorsque je suis né, je l’ai su. Ce n’était pas pour mener une existence de simplicité et de piété comme celle de mes parents, c’était pour mener une existence chevaleresque, complexe, une aventure…

Alors, j’ai commencé mon apprentissage de la vie avec cette idée fixe : je serai un chevalier. Un chevalier de quoi me direz-vous ? Cela n’existe plus au 21 ᵉ siècle, nous ne sommes plus au temps des croisades et des grandes guerres de conquête, nous sommes dans la civilisation moderne, celle des réseaux sociaux, des shorts et fast-food !

Comment devenir un chevalier ici-bas ? Eh bien, je voulais être un chevalier de l’espoir. Un de ceux qui se battraient toute leur vie pour donner de l’espoir à notre monde, l’espoir d’une solidarité entre les hommes, l’espoir d’un monde meilleur pour tout un chacun.

Était-ce chevaleresque ou utopique ?

C’est comme cela que j’ai grandi et que je suis devenu moi-même.

Alexandre Dumas

Je pris pour épée un mot — « solidarité » — et pour bouclier le rire des rues. On rit de moi, bien sûr : « Chevalier de l’espoir ? » plaisantaient les passants, le portable à la main. Mais si la chevalerie change de costume, l’honneur reste le même. Je fis mes premières batailles contre la résignation : une mère privée de logement, un adolescent sans avenir, un instituteur brisé par l’indifférence. Mes armes ? Une pétition signée à la hâte, une jambe de pantalon retroussée pour aider à porter, une scène improvisée sur la place publique. « Vous êtes drôle, vous, » me dit un vieux conseiller municipal en ployant le dos. « Et dangereux. » Sa menace avait l’air de plaisanterie ; pourtant, ce soir-là, en rentrant, j’ai trouvé sur ma table une enveloppe noire, sans enseigne. À l’intérieur, trois mots : Ne t’en mêle pas. Et une photo. Je tournai la page. Qui me défiait ainsi, et pourquoi allait-on m’ôter l’espoir ?

Manche 2/6

Soleil

Étais-je en train de défier quelqu’un sans le savoir ? Mon dessein était-il plus gênant qu il en avait l’air?

« Un vrai chevalier ne se laisserait pas intimidé de la sorte! » me dis-je!

Je fis donc fi de ce message et continuai de me lancer des défis chevaleresques.

Chaque jour, je me fixais un défi nouveau et ma réputation grandissait ! Je créais même mon premier compte sur les réseaux sociaux: #chevalierdel’espoir !

J’incitais les personnes dans le besoin à me contacter pour les aider à retrouver de l’espoir, on me moquait toujours mais il y avait aussi de la reconnaissance.

Je n’abandonnais donc pas…mais une deuxième lettre me parvint avec la même enveloppe noire et la même écriture…

Alexandre Dumas

La seconde enveloppe noire tremblait presque dans ma main, comme si elle contenait un désespoir plus que des mots. J'en extirpai la feuille : trois lignes, tranchantes comme une lame froide — « Cessez vos officiers de pitié ou vous les perdrez tous. Dernier avertissement. » Je me mis à rire, geste inutile et bravache, puis sombrai dans une résolution plus profonde. « Tu ne plieras pas, » murmura Laure, ma compagne d'armes, jetant un manteau sur ses épaules. « Mais nous allons savoir qui nous observe. » Nous décidâmes d'une traque : retrouver la poste d'où venait l'enveloppe, interroger le photographe qui avait immortalisé la première scène, et, si nécessaire, marcher jusque dans l'antre de celui qui croyait pouvoir acheter le silence. La porte sonna alors, d'un coup sec. Un visiteur inconnu, ou le destin ? Je pris l'épée de papier qui me servait d'arme — un stylo — et allai ouvrir.

Manche 3/6

Soleil

- « un recommandé pour vous » me dit un jeune homme à la voix taciturne…

- « un recommandé?! »

- « oui, vous signez ici, bonne soirée. »

Je saisis la boîte et la pose sur la table du salon. Laure et moi-même nous asseyons autour et la contemplons… elle est noire également, il n’y a pas d’adresse d’expéditeur…

Laure me dit « ouvre-la! ».

Je m’exécute…dedans, ni objet ni lettre, un simple post-it avec des numéros…

Je ne les connais pas, ce n’est pas un numéro de téléphone ni une adresse…

Je le tape dans Google « 41.40338, 2.17403 », cela me donne des coordonnés GPS… au dos de ces coordonnés, une date et une heure: demain 9h.

J’ai donc rendez-vous le lendemain matin dans un endroit inconnu.

Laure me dit « tu vas y aller »?

Je ne sais quoi dire… « demain le jour se lèvera Laure ». Je me sens épuisé, je vais me coucher avec un sentiment d’inconfort…

Alexandre Dumas

Au petit matin, malgré la nuit volée par le doute, je me vêtis comme pour un duel : jean, vieille veste, et le cœur en armure. Laure posa sa main sur mon épaule. « Si tu tombes, j’en ferai un récit », murmura-t-elle avec ce sourire qui vous rend invincible. Je pris mon vélo — mon destrier moderne — et filai vers ces coordonnées qui sentaient l’ancien et le mystère. La basilique se dressait, austère, comme un juge. Aux portes, des passants indifférents, et, soudain, une silhouette immobile à l’ombre d’un pilier. « Vous êtes venu, Chevalier de l’espoir, » dit une voix douce, métallique comme une lame. Derrière elle, quelque chose cliqueta, et je compris que le rendez-vous n’était pas un jeu mais une épreuve. Qui m’attendait et quel contrat allait-on me proposer ?

Manche 4/6

Soleil

« Oui je suis la » dis-je du ton le plus solennel possible tout en me rapprochant…

« C’est ce que font les inconscients, ils avancent sans se soucier, sans se méfier » repondit-la voix, augmentant ainsi mon sentiment d’insécurité…

Puis il se retourna.. et je le reconnus immédiatement ! Le conseiller municipal de la dernière fois ! Avant même que je ne puisse dire un mot il repris:

« L’espoir que vous donnez n’est pas bon pour mes affaires, vous savez…Cela fait 4 mandats que j’attends mon tour, pensez-vous que je vais laisser un jeune freluquet comme vous mettre en danger mon élection de maire? »

Je reste pantois, je ne veux surtout pas me dérober ou montrer un signe de faiblesse, je réponds avec aplomb:

« En quoi cela est-il un problème? Occupez-vous des urnes et je m’occuperai du terrain! La politique ne sert à rien »

« Détrompez vous jeune homme, elle me sert, elle nous serre et vous vous mettez en travers de mon chemin! »

J’entends un deuxième clic…

Alexandre Dumas

Je ne fléchis pas. « Vous craignez l’espoir parce qu’il dévoile vos manœuvres, » dis-je d’un ton qui se voulait plus ferme que je ne l’étais. Il haussa les épaules, sourire affreusement paisible. « Exactement. Et quelques vérités publiques suffiront à balayer votre petite comédie. » Un troisième clic, net cette fois : le métal d’un pistolet que l’on arme. Son regard étincela. Autour, l’ombre semblait se resserrer. Laure, derrière moi, retint un cri. Que ferait un chevalier quand l’adversaire passe aux armes ?

Manche 5/6

Soleil

« Tirez si vous en avez le cran! Mon honneur n’a pas de crainte et ne se dérobera pas! Je suis né pour être chevalier et un chevalier reste digne même lorsque la mort lui sourit ! »

« Et bien c’est fort dommage… si jeune… il arme et le dirige vers moi … »

« Bonjour à toutes et à tous, merci de nous suivre en live sur la page du chevalier de l’espoir, Benjamin est actuellement en train de dissuader un conseiller municipal de la ville de mettre fin à ses jours, on a besoin de votre soutien… » c’est Laure sur Tiktok! Elle est en live et elle nous filme…

Le conseiller ne sait plus quoi faire, il abaisse son arme…les gens envoient des tonnes de cœur et Laure s’écrit « on a réussi! Benjamin a encore permis à l’espoir de vaincre! »

Je suis complètement abasourdi par ce retournement de situation et le conseiller est abattu, ses espoirs de carrière sont réduits à néant, il est désormais l’homme taciturne suicidaire…

Alexandre Dumas

Les cœurs numériques pleuvaient et la nuit semblait lumineuse. Le conseiller tomba à genoux, secoué d'un sanglot qu'on n'aurait cru possible chez un sphinx de mairie. « Ils m'ont acheté, » grogna-t-il, la bouche pleine d'amertume. « Des hommes en costume m'ont dit : ferme-la ou péris politiquement. » Un bruit de pas, précis comme un couperet, fit lever la foule. Une silhouette en pardessus, au coin de la basilique, s'avança. Sans sourire : « Vous croyez vraiment que tout s'arrête à lui ? Chevalier, votre espérance est charmante — mais elle dérange des puissances. Prêt à payer le prix ? »

Manche 6/6

Soleil

« Oui je le payerai! Que serait la vie sans chevalerie? Il fut un temps où les hommes avaient un honneur, des valeurs, une foi en l’humanité! Aujourd’hui tout n’est que mensonge et hypocrisie, les gens se taisent et baissent la tête lorsqu’il faut montrer de la dignité. S’il faut un seul chevalier pour changer cela je l’incarnerai! »

Était-ce de la folie? De l’inconscience ?

L’homme tourna les talons tout en prononçant : « nous nous reverrons dans ce cas. »

Alexandre Dumas

La foule hurla, les téléphones crépitèrent comme un chœur de mousquetaires. Les preuves, récoltées par mes amis et nos abonnés — enregistrements, transfers d'argent, témoignages — tombèrent sur la table du procureur comme des boulets de canon. Le conseiller dut démissionner; son réseau se délitait en confession et fuite. « Vous avez allumé une flamme, » me dit Laure, les yeux brillants. « Elle ne s’éteindra plus. » Nous fondâmes une association: bénévoles, juristes, anciens dures vies réparées. Les victoires furent petites, les combats nombreux, mais l’espérance prit chair. Je n’avais pas cherché la gloire; j’avais choisi l’honneur. Et chaque matin, en serrant la main d’un homme sauvé, je renouvelle mon serment: vivre chevalier, jusqu’au dernier souffle.