TheGreenOh
Apprentie Jouteuse
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Volette
Maître Jouteuse
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Il était une fois une jeune fille, Rhapsodie, qui adorait les brocantes. Tous les dimanches elle allait se promener dans ces lieux magiques. Pour elle, il n’y avait rien de plus merveilleux. Trouver des trésors de toutes époques et de toutes provenances était pour elle quelque chose d’exceptionnel. Toutefois, Rhapsodie s’intéressait particulièrement aux objets utiles.
Il n’était pas question d’acheter une bricole qui finirait au fond d’un placard ou même dans une cave, mais bel et bien des objets qui habiteraient et égayeraient son quotidien....
Ce matin là, Rhapsodie se promenait dans une nouvelle vente d’objets rares. Elle était tombée sur une annonce d’une brocante promettant les plus beaux trésors du monde !
Cela faisait déjà quelques heures qu’elle se promenait dans cette vente etn’avait encore rien remarqué d’extraordinaire. Soudain un objet capta son attention. Elle s’approcha du stand, ou une malle en cuir resplendissait au milieu d’objets sans grand intérêt avec un côté surréaliste qui lui donnait un look venu d’un autre monde.
Rhapsodie demanda alors au vendeur combien il en souhaitait.
« Ah, ma petite demoiselle, je suis bien désolé, mais cet article a déjà été vendu. »
Rhapsodie, ne manqua fut déçue.
Le vendeur lui montra alors un objet qu’elle n’avait pas remarqué…
C’était une tasse avec des dessins de fleurs et d’oiseaux, tout ce qu’il y a de plus ordinaire.
Rhapsodie ne comprenait pas bien pourquoi le vendeur la lui présentait. Entre une valise et une tasse, il y avait quand même une petite différence.
Gênée, elle esquissa un sourire poli.
— Ce n’est pas ce que tu souhaitais, fit-il. À la réflexion, il est vrai que cette tasse est vieillotte pour une fille de ton âge. Tu ne risques pas de trouver grand-chose de moderne ici.
Rhapsodie fit mine d’être amusée par sa blague. Elle avait toujours essayé de faire plaisir aux autres. Feindre l’amusement faisait partie de son répertoire.
Elledétourna les talons, quand quelque chose sur la tasse attira son attention.
Les dessins bougeaient ! Les fleurs oscillaient lentement,les oiseaux se déplaçaient. Rhapsodie était fascinée par ce phénomène impossible. Elle cligna des yeux. Les dessins ne bougeaient plus.
— Ça alors, vous avez vu ?
— Vu quoi ? fit le vendeur.
Il se gratta la tête.
Elle pensa qu’il n’avait rien vu. Soit elle était la seule à pouvoir voir ces mouvements, soit elle était folle.
Elle eut soudainement envie de rentrer se coucher, sa tête était lourde. Elle tourna les talons une nouvelle fois en s’excusant, mais ne put se résoudre à partir sans la tasse.
— Combien ? fit-elle !
C’était une tasse avec des dessins de fleurs et d’oiseaux, tout ce qu’il y a de plus ordinaire.
Rhapsodie ne comprenait pourquoi le vendeur la lui présentait. Entre une valise et une tasse, il y avait une petite différence.Gênée, elle esquissa un sourire poli au vendeur, qui remarqua son embarras.
— Ce n’est pas ce que tu souhaitais, fit-il. À la réflexion, il est vrai que cette tasse est peut-êtrevieillotte pour une fille de ton âge. Cela dit, tu ne risques pas de trouver grand-chose de moderne ici.
Rhapsodie fit mine d’être amusée par sa blague. Elle avait toujours essayé de faire plaisir aux autres, ou plutôt éviter de les blesser. Feindre l’amusement faisait partie de son répertoire.
Elle allait détourner les talons, quand quelque chose sur la tasse attira son attention.
Les dessins bougeaient ! Les fleurs oscillaient lentement, tandis que les oiseaux se déplaçaient. Rhapsodie était fascinée par ce phénomène impossible. Elle cligna des yeux. Les dessins ne bougeaient plus.
— Ç…ça alors, vous avez vu ?
— Vu quoi ? fit le vendeur.
Il se gratta la tête.
Elle pensa qu’il n’avait rien vu. Soit elle était la seule à pouvoir voir ces mouvements, soit elle était folle. Elle eut soudainement envie de rentrer se coucher, mais elle désirait la tasse.
— Combien ? fit-elle.
Le vendeur : « Ha ! Elle vous intéresse alors ? »
Rhapsodie répondit gênée :
« Oui, vous me l’avez proposé, et comme vous me l’avez fait remarqué, je ne trouverai peut être rien d’autre alors… Et puis c’est toujours utile une tasse… N’est-ce pas ? »
Le vendeur fit un sourire timide en guise de réponse et commença à emballer la petite tasse, mais Rhapsodie l’arrêta :
« Attendez ! Vous ne m’avez pas donné le prix ! »
Le vendeur : « Oh, oui… Euh, et bien, disons… »
Il fit glisser son regard sur elle comme s’il la jaugeait, comme s’il se demandait si elle était assez bien… Puis, son évaluation terminée il lui annonça : « 0,50 € ! »
Rhapsodie fut étonnée qu’il lui en demande si peu après ce « cinéma » qu’il venait de lui faire. Ses yeux tombèrent à nouveau sur une partie de la tasse mal emballée et elle jura à nouveau avoir vu un oiseau passer d’une fleur à l’autre !
« Très bien c’est parfait » s’empressa-t-elle d’ajouter, « Je la prends ».
Le vendeur avait l’air très heureux, ses yeux brillaient d’une joie trop forte pour quelqu’un qui venait juste de vendre une tasse, et pour un si bas prix !
Il emballa la tasse, la scotcha et la tendit à Rhapsodie. À la fois ravie et perplexe de son achat, elle remercia le vendeur mais au lieu de lui donner sa tasse il lui attrapa le poignet…
- On ne sait jamais ce que la vie nous offre, et parfois on a l’occasion de faire la bonne chose au bon moment.
Rhapsodie sentait monter le stress et faillit laisser tomber la tasse.
– Attention petite ! Prenez bien soin de cette tasse. Rentrez chez vous, et faites-vous un bon thé.
– V... vous me faites mal
Le vendeur lâcha son poignet, confus.
– Je ne voulais pas vous faire peur. Il fallait que je vous dise cela avant que vous partiez. Un bon thé en arrivant chez vous, cela vous détendra.
Rhapsodie se retourna, interloquée. La tasse semblait soudain peser une tonne dans ses mains. Elle n’était plus sûre de vouloir la garder. Mais elle ne put se résoudre à s’en séparer. Rhapsodie repartit immédiatement à sa voiture.
Des idées incohérentes défilaient dans sa tête pendant qu’elle conduisait. Le visage grave du vendeur, puis confus, se rappelait à elle. Elle regarda le paquet sur le siège passager. Que venait-elle d’acheter ?
« Ce n’est rien qu’une tasse, reprends-toi ! » se dit-elle.
Elle arriva chez elle, poussa la porte de son studio et posa la tasse sur sa table basse. La lumière rentrait mal dans cet appartement, l’ensemble de sa pièce était perpétuellement dans une mi-pénombre. Rhapsodie aimait cette ambiance tamisée.
Elle se rendit à la cuisine et fit chauffer sa bouilloire.
Elle déballe la tasse avec précaution et appréhension.
Elle la regarda sous tous les angles, mais cette tasse n’avait vraiment rien de spécial à première vue. Plus le moindre signe de petit oiseau volant de fleur en fleur. Rien ! Elle l’a fixa pendant 1 minute, mais fini par se résoudre à l’évidence. Elle avait halluciné.
Elle la lava pendant que l’eau chauffait et prépara un petit plateau avec son thé préféré, déposa deux biscuits qu’elle sortit d’une boîte en alu de la marque Delacre (son petit péché mignon), attrapa sa bouilloire et versa enfin l’eau chaude dans sa tasse.
Son cœur failli lâcher lorsqu’un chant d’oiseau émana de la tasse à peine eu tel versé une goutte dans celle-ci !
Les oiseaux s’étaient remis à voler, les fleurs à onduler avec la brise et le bruissement des plantes résonnaient tout autour de Rhapsodie comme si elle-même se trouvait au beau milieu d’un champs !
Rhapsodie n’avait jamais rien vu de tel ! Elle se rendit compte qu’elle pouvait sentir l’odeur des fleurs, la brise dans ces cheveux et le battement des ailes des oiseaux qui dansaient autour des fleurs !
Plus aucun doute pour elle, elle venait d’acheter le plus beau trésor au monde !
Dans un souffle de pur bonheur, les larmes aux yeux, elle murmura :
- « Cette tasse est magique ! ».
Rhapsodie se mit à pleurer. Les larmes abondaient sans qu'elle ne puisse les arrêter. Penchée au-dessus de sa tasse, elle ne comprit pas pourquoi ce sentiment nostalgique s’empara d’elle. Le vent dans les cheveux, ce cri d’oiseau particulier,.... Plus elle tenait la tasse entre ses mains, plus tout lui apparaissait clairement.
Elle s’essuya les joues, et plongea un de ses biscuits dans la tasse. À son contact, la surface du thé émis de petites ondulations. Elle mit le gâteau dans sa bouche et le laissa fondre. Les saveurs étaient décuplées. Elle souleva sa tasse et but une gorgée.
En un éclair, la jeune fille se trouva absorbée à l’intérieur de la tasse. Tout se passa au ralenti. Rhapsodie bascula dans un autre univers. Le thé avait laissé place à une immense prairie, une douce brise caressait ses joues. Allongée dans l’herbe, elle se redressa. Rhapsodie fut frappée par cette scène ; la prairie, la bise, ce chant d’oiseaux, ces lilas… Elle entendit une voix plus que familière l’appeler. Les frissons parcoururent tout son corps. Rhapsodie tourna la tête lentement. Son cœur battait la chamade.
Elle reconnut, à quelques mètres de là, étalant une nappe de pique-nique, sa mère, disparue il y a un an. Elle avait voyagé dans un souvenir.
UUne émotion si intense envahit soudainement Rhapsody… Ce visage, celui de sa mère, dont les détails avaient presque commencé à s’effacer de sa mémoire, était là, bien net, en face d’elle, lui souriant simplement :
- « Rhapsody ne reste pas planté là ! Aide-moi à installer voyons. »
Rhapsody était tellement abasourdi d’avoir sa mère juste là en face d’elle qu’elle n’avait même pas remarqué, quand elle passa à travers elle, qu’une version miniature d’elle-même s’amusait à ramasser des fleurs derrière elle depuis le début.
Petite Rhapsody :
- « Oui maman j’arrive ! Regarde les jolies fleurs que j’ai trouvées ! »
Maman :
- « Elles sont très belles ma chérie, tu veux que je t’apprenne à en faire un collier ? »
Rhapsody était en train d’assister à l’un de ses plus merveilleux souvenirs, des larmes de joies coulaient le long de ses joues pendant qu’elle revivait cette journée parfaite.
Comment avait-elle pu arriver ici ?
Elle vit la scène se dérouler exactement comme dans sa mémoire. Elle et sa maman, tressaient un collier de fleurs juste avant de pique-niquer. Ce même collier de fleurs se trouvait chez elle, séché, dans une boîte sous son lit.
Elle aurait voulu la prendre dans ses bras, mais elle demeurait non visible et non palpable.
La mort de sa mère l’année dernière mettait un point final à plusieurs mois d’agonies. Le mal qui la rongeait, aucune médecine n’avait su le comprendre. Rhapsody et sa famille avaient consultés des spécialistes dans la chirurgie, les neurosciences, la médecine chinoise, rien. Elle avait même contacté un chaman. Il lui avait dit :
- « Ta maman est en train de disparaître. »
On l’avait remercié, pensant avoir à faire à un charlatan.
Mais peu à peu, les mots du chaman prenaient du sens : sa maman disparaissait vraiment, petit à petit.
Les aspects de sa personnalité semblaient s’estomper. D’un tempérament naturellement gai et taquin, sa maman devenait de plus en plus renfermée et timide.
Ses couleurs disparaissaient aussi ; son teint légèrement hâlé, ses cheveux châtain foncé, ses yeux verts perçants, tout devenait de plus en plus.... Fade.
Elle sortit de ses pensées quand elle reconnut le vendeur de la tasse qui s’approchait d’elle....
« Mais ? Je… Qu’est-ce que vous faites ici ? Je, je suis en train de rêver ? »
Le vendeur s’arrêta et sourit :
- “Non, tu ne rêves pas. Tu revis ton plus précieux souvenir…”
— “Mais…”
Le vendeur poursuivit.
- “Il y a 10 ans, j’ai perdu ma femme… L'étincelle qui faisait briller ma vie… J’étais comme toi à l’époque, flânant dans les brocantes à la recherche de trésors perdus… 6 mois après son décès, une drôle de dame m’a appelé et m’a offert cette tasse que je t’ai vendue un peu plus tôt. Et j’ai eu la même surprise que toi, je me suis retrouvé plongé dans mes plus précieux souvenirs ! Plus réel que jamais !
La petite dame a fini par me rejoindre elle aussi. Etait-ce un rêve ? Elle m’a alors tout révélé sur le pouvoir de cette tasse. Il m’a fallu 10 ans pour m’en séparer, mais j’ai vu dans tes yeux la même tristesse qu’il y avait dans les miens à l’époque. Et le jour où tu seras prête, tu pourras à ton tour faire don de ce petit trésor. Tu dois comprendre qu’après cela tu ne pourras plus revivre tes souvenirs.”
- “Mais, comment vous et cette dameêtes vous venu dans le souvenir des autres ?”
Le vendeur sourit :
- “C’est un mystère, chaque passeur a droit à un dernier voyage au moment du transfert. Aujourd’hui, je suis heureux, car mon dernier voyage est magnifique, grâce à toi.”