Canicule

Et chaque phrase, comme une étoile tombée, portait en elle l’éclat d’un monde entier. Les livres, ces cathédrales de papier, s’élevaient dans l’ombre des esprits, dressant leurs arches de mots jusqu’aux cieux de la pensée. Là, sous la lumière crue, le lecteur devenait pèlerin, gravissant les marches infinies de l’imaginaire, cherchant dans l’encre et le verbe une vérité plus haute que l’horizon terrestre. Mais voilà qu’un souffle, peut-être celui du vent ou d’une muse capricieuse, fit trembler une page ouverte…

Ainsi, les livres devenaient des miroirs où se reflétaient les cœurs, des abîmes où plongeaient les âmes en quête d’elles-mêmes. Chaque lettre, gravée comme une empreinte sur le sable du temps, portait la mémoire des hommes, leurs rêves, leurs luttes, leurs amours. Et sous cette nudité d’encre, la vérité, fragile et éclatante, se dévoilait. Mais qui donc, parmi les vivants, osait encore lire avec l’ardeur d’un feu ancien ? Une ombre passa, et dans le silence, une voix sembla murmurer…

Car les mots sont des phénix, renaissant des cendres du silence pour bâtir l’éternité.